Les Fontaines de la Casbah d'Alger.



Sur les 150 fontaines qui furent en fonction dans la médina, il n'en reste qu'une dizaine en service. Elles se présentent sous forme d'arches souvent adossées à un édifice (mosquée par exemple). Elles sont décorées de colonnes en marbre ou en tuf.  

Les fontaines sont désignées par les mots Aïn (fontaine) ou bir (puits). Certaines de ces fontaines portent des noms calligraphiés sur de la céramique, ou des carreaux de faïence d’origine.


Les fontaines peuvent également porter des inscriptions qui exaltent les mérites du fondateur de l’édifice.

Exemple : Fontaine de Bir Mourad Raïs.



Les Fontaines de la Haute Casbah.

. La fontaine Bir Djebah. 

Cette fontaine est située dans le quartier portant le même nom (Bir Djebah) connu  pour le grand nombre de martyrs tombés durant la révolution Algérienne. Elle tient son nom des métiers exercés dans cette rue autrefois, à savoir la fabrication et la vente de miel. 

La fontaine de Bir Djebah était alimentée par le réseau de la citadelle d'Alger en provenance de l'aqueduc des sbaâ abar (les sept sources : El Biar). L'eau ruisselait dans une demi-vasque en forme de coquillage avant qu'elle ne soit remplacée par un bac par l'autorité coloniale. 



Cet édifice est dédié à la mémoire des fidaïnes Ahmed Belamine, Radhi H’mida, Rahal Boualem, et Touati Saïd qui furent guillotinés le 20 juin 1957 à la prison de Barberousse (Serkadji)


L'Histoire de Boualem Rahal.



La fontaine fut immortalisée par le regretté chanteur chaâbi Aït Ouarab Mohamed Idir, dit El-Hadj M’hamed El-Anka (1907-1978) à travers l’immortelle qasida Soubhan Allah Yaltif, Bi Bir Djebah Nahlef, du célèbre poète Mustapha Toumi (1937-2013). 

.......سبحان الله يا لطيف * أنت لي تعلم * كاين شي ناس نستحاهم يقولوا خاف
ولد باب الجديد بالوكيد * ببير جباح نحلف *التومي قال مصطفى



. La Fontaine Ain Mzawka (عين المزوقة)

Certains habitants de la Casbah avanceront que son nom proviendrait du fait qu'elle soit décorée et repeinte à chaque événement heureux dans le quartier. D'autres indiqueront que le nom Mzawka est relatif aux couleurs de la faïence, dont elle est ornée. Ils proviendraient des artisans juifs de Djerba (Tunisie).



. La Fontaine de la Mosquée Sidi Mohamed Cherif. 

Cet édifice a subit des travaux de restauration commandités par le Comité du Vieil Alger. Le décor de «faïences hispano-mauresques» réalisé par le céramiste Charles Langlois aux alentours de 1907, est en fait une pure création bien que cette intervention soit présentée comme une restauration.


Photo Ancienne de la Fontaine.


Une large inscription sur céramique, intégrée au décor, précise que le Comité du Vieil Alger est le commanditaire des travaux. Cette fontaine est connue pour avoir le pouvoir d’apaiser les angoisses et les tracas grâce à trois gorgées de son eau.



. La Fontaine Sidi Ramdane.

Elle est située dans la haute Casbah, au niveau de la rue Sidi Ramdane. Elle est adossée au minaret de l'ancienne Mosquée ziride Sidi Ramdane.



. La Fontaine (Aïn) Sidi Abdallah.

Cette fontaine est située dans la haute Casbah au niveau de la rue Sidi Abdallah. Celle-ci est recouverte de carreaux de faïences anciennes et de marbre. La décoration interne de la fontaine représente une superposition de deux étoiles à six branches.


Décor Intérieur de la Fontaine. 



. La Fontaine de la rue Mustapha Ben Cheikh.



Les Fontaines de la Basse Casbah.

. La Fontaine Bir Chebana (عين بئر شبانة). 

Cette fontaine porte le nom de premier Muezzin à avoir lancé l’appel à la prière à la Mosquée Sidi Ramdane. Elle se trouve tout près de la rue Abderrahmane Arbadji.


Photo Ancienne de la Fontaine.



. Les Fontaines du Complexe Sidi Abderrahmane.

Ces fontaines sont situées dans la basse Casbah au sein du complexe Sidi Abderrahmane. La première fontaine est située à l'entrée de l'édifice, et adossée au Mausolée Wali Dada. Elle constitue le don d'une défunte. La seconde est située à l'entrée du Mausolée Sidi Abderrahmane



. Les Fontaines Non Fonctionnelles.

. La Fontaine de la Citadelle d'Alger.

Cette fontaine se trouve dans l'enceinte même de la Citadelle d'Alger, tout près de la résidence des janissaires. Elle est composée d'une coupole reposant sur quatre colonnettes torses, et d'un bassin recouvert de carreaux de faïences anciennes. 


Sur cette fontaine, on peut apercevoir des très anciens graffitis dont certains datent de 1904.


. La Fontaine Néo-mauresque du Lion.
 
Elle est située au niveau de la rue du Vieux Palais dans la Basse Casbah d'Alger, juste en face du Café Malakoff.

Inscription au  Fronton : " Alger. Cette Fontaine a été érigée par la Société Immobilière du Département d'Alger l'an 1862".


Photo Ancienne de la Fontaine.


. La Fontaine Aïn el Malha. 

Cette fontaine se trouve aux abords de la Citadelle d'Alger au boulevard du 19 Mars 1962 (Bab Jdid ex boulevard de la victoire).



. Fontaines dont il ne reste qu'un vague témoignage (Musée National des Antiquité et des Arts Islamiques).

Inscription turque provenant de l'ancienne fontaine de la Zâwiyàt El-Qechàch, autrefois située rue des Consuls. 


"Que celui qui, avec l'aide de la Vérité, a fait couler cette eau, reçoive pour chacune de ses gouttes cent mille récompenses. Sa date correspond à : « Gage de satisfaction. » Que la porte du paradis lui soit ouverte !"

Inscription turque provenant d'une fontaine de l'ancien Alger. 


"Puisse le fondateur de cette construction gaie et agréable obtenir des délais ! 0 mon Dieu, qu'au jour du jugement dernier son visage soit éclairé, et son âme, joyeuse! 0 mon Dieu, que Mohammed pacha, possesseur de cette maison, soit toujours heureux ! Qu'il entre dans le palais du paradis et soit éloigné de l'enfer. l'année mille cent quatre-vingts (1180)".

Inscription turque provenant d'une fontaine de l'ancien Alger. 


"Aly pacha a pris soin de construire cette fontaine. Grâces à Dieu! Sa date est : « Lieu de délices, charmant comme le paradis. » Année mille cent soixante quatorze".

Bon à Savoir :

Il est a noté que le Ministère de la Poste et des Télécommunication à édité en 2008 une collection de timbres sous le thème de Fontaines d'Alger.




Le Biskri Porteur d'Eau.

Chaque maison de la Casbah disposait d’un puits. Le propriétaire  de la demeure avait l'obligation de récupérer à partir des terrasses les eaux pluviales, qui étaient acheminées vers la citerne située dans la majorité des demeures sous le patio. Ces eaux stockées étaient destinées aux différents usages ménagers. 

Pour se ravitailler en eau potable, les femmes faisaient appel aux porteurs d’eau surnommés El Biskri  (البسكري ) par rapport à leurs origines.


Le Tableau du Peintre Hippolyte Lazerge (1818 - 1887) : Le Porteur d'Eau au Musée des Beaux Arts d'Alger


Anciennes Cruches de Biskri Exposées au Niveau du Magasin de Hamed Sahnoune


Cruches Exposées Respectivement au Musée National des Antiquités et des Arts Islamiques et Dar Khadaoudj El Amia.



Le système d'évacuation des eaux usées des maisons est un véritable réseau d'égouts en briques sous la voirie. Il suit la pente du site, et date de l'époque de la régence d'Alger.  

Évacuation des Eaux Usées Datant de la Régence d'Alger - Musée Place des Martyres - Alger