La Commune de Birkhadem.


Située au sud d’Alger, à une dizaine de kilomètres du centre, Birkhadem occupe une position stratégique reliant plusieurs communes voisines. Son histoire remonte à l’époque ottomane, où la région faisait partie du Fahs d'Alger. Durant la colonisation française, Birkhadem fut transformée en un petit village de colons marqué par l’exploitation agricole

Après l’indépendance de l'Algérie en 1962, Birkhadem a connu une profonde mutation en devenant une commune algérienne à part entière

Aujourd’hui, Birkhadem se caractérise par une urbanisation rapide, un tissu résidentiel et commercial diversifié ainsi qu’une population jeune et dynamique, reflétant son passage d’un espace rural traditionnel à une ville moderne en constante mutation.



. Birkhadem, témoin d’un riche passé entre Rome, l’ère ottomane et les notables maures.

Bien avant l’arrivée des Arabes et des Turcs, les Romains avaient déjà reconnu l’importance et la beauté du site de Birkhadem. Les vestiges retrouvés dans la zone attenante à l’ancienne Icosium (Alger) en témoignent, notamment un cimetière antique et les traces encore visibles d’une voie romaine

À partir du XVIIe siècle, le charme des ombrages verdoyants du "Puits de la Négresse" attira dignitaires turcs et riches familles maures d’El-Djazaïr. Séduits par la fraîcheur et la quiétude de l’endroit, beaucoup y firent bâtir des résidences de campagne. Le Dey Hassan lui-même y séjournait fréquemment durant l’été, tant il appréciait la sérénité du site. Il fit même orner la source d’une élégante fontaine en marbre, symbole raffiné de son attachement à ce lieu.

Aquarelle La maison dans le Sahel : Djnane Caïd El Bab


Parmi ces demeures remarquables figuraient la Villa du Cheikh el Bled, la Villa Ben Négro, Djnane Caïd El Bab, qui à l'origine, faisait 28 hectares, ou encore le Haouch Ben Siam, ancienne résidence séculaire d’une illustre famille de notables maures qui avait su conserver ses privilèges et ses droits de justice " Elle était, en 1830, la propriété de la famille Ben Siam. Mahmoud Oulid Braham ben Siam, de Miliana, Mustapha Oulid Braham ben Siam, en résidence à Tétouan, et la sœur de ceux-ci, Aïcha ben Siam, étaient possesseurs des cinq sixièmes que la france séquestra. Le dernier sixième fut laissé à la dame Khadoudja, fille du Sid Abdel-Rhaman ben Siam, qui était tutrice du Sid Mohammed et du Raïs Karbila. Sid Ali, ses enfants, tous deux fils du Sid Abd-er-Rhaman ben el Raïs Karbila. ".

Haouch Ben Siam. B. Sarraillon.


La maison de Ben Djezzar se distinguait par son faste : une riche demeure mauresque renfermant une précieuse collection de faïences persanes et hispano-mauresques. Elle conservait également des pierres tombales provenant de l’ancien porche de la Bab Azoun, détruit en 1846.

À la sortie du village, en retrait sur la route de Blida, se dressait la Khazna Dar, ou "Maison du Trésor des Dey", témoin du pouvoir et des richesses de l’époque ottomane. Non loin de là, se trouvait le Haouch Abd-el-Kader, ancienne résidence du frère du célèbre émir, ajoutant encore au prestige historique de Birkhadem.

La Villa Khazna Dar.



Une Demeure au fil de ses Propriétaires.



. Durant la Colonisation Française.

Au début de la colonisation, Birkhadem devint un poste avancé de la défense d’Alger. En 1831, les maisons Ben Négro, Ben Siam et Cheikh el Bled accueillirent chacune deux compagnies militaires, tandis que Ben Djezzar et Khazna Dar furent attribuées à un escadron de spahis composés de Persans, d’Algériens au service la cause Française et de Français

Dès 1836, l’ensemble des constructions du Haouch servit de quartier général de l’armée coloniale. Le Haouch Ben Siam devint pour sa part une caserne militaire, puis, à partir de 1845, un pénitencier militaire. Le 18 septembre 1845, Birkhadem recevra une unité de zouaves envoyée au secours du poste du Fondouk attaqué par les troupes d’Abd el-Kader


. Le Pénitencier Militaire de Birkhadem.

Avant la colonisation française, le site du futur pénitencier était le centre d’un domaine connu sous le nom de Haouch Ben Siam. En décembre 1831, ce Haouch fut saisi et réquisitionné par l’armée française afin d’y loger un régiment militaire composé de 143 hommes et 118 chevaux.

À la fin des années 1850, les anciennes casernes furent transformées en un pénitencier militaire capable d’accueillir entre 400 et 500 soldats

Le pénitencier de Birkhadem servit de centre d’internement pour des convoyeurs algériens revenus de l’expédition française à Madagascar en 1895. Plus de 6 000 hommes, majoritairement recrutés en Kabylie, avaient été mobilisés pour transporter du matériel et des vivres de l’armée à l’aide de 5 000 montures (ânes, mulets et chevaux) réquisitionnées par l’armée coloniale. Parmi elles figurait l’âne du poète Youcef Oulefki, qui dénonça la colonisation française dans ses poèmes après cette confiscation.

En 1927 au plus tard, le centre fut retiré de l’autorité militaire pour devenir une Maison d’Éducation Surveillée, destinée aux garçons mineurs condamnés, avec une capacité d’environ 200 places

Après 1951, cette capacité d’accueil diminua progressivement, passant à 160 places, puis à seulement 75 places.

Le Pénitencier Militaire de Birkhadem.



. La Mosquée de Birkhadem.

Située en plein cœur de la commune de Birkhadem, la mosquée s’impose comme un véritable repère architectural et spirituel de la ville. Utilisée comme lieu de culte jusqu’à l’occupation française, elle connaît ensuite plusieurs transformations : 

en 1840, le premier étage accueille la mairie, puis en 1843 une école primaire de garçons. Le premier niveau est finalement détruit et remplacé par une terrasse lorsque la mairie est transférée à proximité de l’édifice.


Au milieu du XXᵉ siècle, la mosquée entre dans une nouvelle phase avec la construction d’une extension. 


La nouvelle structure se distingue par ses deux élégants minarets de forme octogonale ainsi que par une vaste coupole centrale qui domine l’ensemble.

Accolée à la mosquée, une fontaine historique, connue sous le nom de Fontaine de la Négresse, rappelle l’héritage précieux de l’époque ottomane et complète ce patrimoine à la fois religieux et culturel.


Les Deux Minarets de la Mosquée de Birkhadem.



. La Fontaine de Birkhadem.

À Birkadem, un joyau architectural témoigne encore du raffinement de l'époque Ottomane : la Fontaine dite de la Négresse. Ce nom populaire viendrait d’une esclave noire qui, autrefois, offrait à boire aux voyageurs. 

Depuis les temps anciens, cette fraîche et agréable fontaine naturelle avait servi, tout comme celle de Bir Touta "Le Puits du Mûrier", à 10 plus au sud, de point d’eau pour les nomades et les troupes en campagne y dressaient leurs campements.

L’édifice, en marbre finement sculpté, est surmonté d’un entablement orné de merlons. Cette fontaine fut construite en 1797 (1212 de l’Hégire) sur l’initiative de Hassan Pacha, alors gouverneur de la Régence d’Alger. 


L’inscription gravée sur la pierre le compare à Asefle sage ministre du roi Salomon, soulignant sa sagesse et sa munificence.

Inscription turque ornant la fontaine sise sur la place publique.


"L'Asef de l'époque, Hasan pacha, dont aucun siècle n'a vu l'égal, doué de générosité et de munificence, de justice et de bienfaisance, dont la personnalité fait honneur au monde entier, a créé du néant cette fontaine, afin que l'homme boive son eau et la vie tout ensemble. Que Dieu agrée ses bonnes œuvres ! Qu'il lui accorde, comme récompense, la félicité et le témoignage de sa satisfaction. En mil deux cent douze, cette fontaine a établi son beau cours. Année 1212. (1797-1798)".

Tableau Chevaux à la Fontaine Birkhadem. Frederick Arthur Bridgman. 1926.



. L'Ancienne Eglise Sainte Philomène de Birkhadem.

Située à proximité de la placette de Birkhadem, l’'Ancienne Eglise Notre Dame fut ouverte au public en 1843 et consacrée à Sainte Philomène. Sa construction fut réalisée par le Génie, peu après l’achèvement de l’église de Dely Ibrahim.

De forme rectangulaire, l’édifice présente des dimensions de 9 mètres de largeur pour 16 mètres de longueur. Son clocher, véritable repère architectural du quartier, s’élève à 29 mètres de hauteur, dominants les environs et marquant l’identité historique du lieu.



. La Placette de Birkhadem.

La placette, connue durant la colonisation sous le nom de square, se situe au cœur du centre historique de Birkhadem. Inaugurée vers 1843, lors de la construction de l’église Sainte-Philomène, elle devint rapidement un lieu central de la vie sociale. 

Les habitants s’y retrouvaient chaque jour, et lors des mariages célébrés à l’église, la fête se poursuivait sur la placette. Au milieu, le kiosque à musique animait les réjouissances, faisant de cet espace un véritable théâtre de la vie birkadémoise.


L'actuelle placette de Birkhadem est composée de quatre entrées, d'une fontaine carrée et un ensemble de 22 bancs. Elle sert de lieu de rencontre aux anciens du quartier.


Le Marché de Birkhadem. Le Vendeur d'Olives.


Arrêt Sur Image.