Aqueducs et Fontaines du Grand Alger.


. Les Aqueducs d'Alger.

Durant les premières décenies de la régence d'Alger, la médina n’était alimentée d’eau que par des puits et des citernes. Cela changea après l’expulsion des Andalous d’Espagne qui dotèrent la ville de quatre aqueducs. Ces édifices alimentaient en eau les abattoirs, les tanneries, les forts et les batteries près des portes de la ville et le long de la côte, ainsi que les fontaines publiques.

Par la suite, trois aqueducs suburbains furent édifiés pour alimenter en eau les Fâhs les plus peuplés de la campagne algéroise (Birkhadem et Birmandreis) puis la zone côtière de la Pointe Pescade (Mers Eddeben), ainsi que les nombreuses fontaines-abreuvoirs sur les routes principales. 

Durant toute la Régence ottomane, Alger et ses fahs étaient alimentés par les seules eaux du Sahel proche, utilisées jusqu'aux environs de 1880, date à laquelle l’apport des eaux de la Mitidja amorce un tournant décisif dans le ravitaillement en eau d’Alger.

Ces ouvrages, qui traversaient les vallées se composaient d'un ou de plusieurs étages d’arcades. Les canaux en poterie de ces aqueducs furent très souvent écrasés par les chariots militaires, ou crevés par les soldats désireux de se procurer de l’eau sur place. Les aqueducs étaient protégés par une loi sévère durant la régence d'Alger. Tout individu ayant détérioré une conduite d’eau, avait la main droite coupée.

1. L’Aqueduc du Hamma : d'une longueur de 5 kilomètres, il entrait en ville par le quartier Bab-Azoun. Cet aqueduc fut achevé par Moussa el Andalousi El Himyarite vers 1611, sous Kuça Mustapha Pacha. Des travaux importants furent exécutés en 1759, sous Ali Pacha, pour une meilleure captation des eaux, puis en 1788 sous Sid Mohamed Pacha.

2. L’Aqueduc du Télémly, de l’amazigh tala et amli (la fontaine blanche) : Long de deux kilométres, les travaux débutèrent sous Kheir-Eddine et furent achevés vers 1550 sous le règne de son fils hassan Pacha

3. L’Aqueduc de Birtraria pénétrait dans Alger du côté de Bab-el-Oued. (Birtraria : puits de la fraîcheur. Treria : mot turc). Il fut construit par Arab Ahmad en 1573.

4. L’Aqueduc d’Aïn Zboudja (Fontaine de l’olivier sauvage): Il fut édifié par Charif Khoudja en 1619, suite à un legs de Suleymen Pacha. cet édifice s’amorçait à Ben-Aknoun et arrivait en ville par les Tagarins et la Casbah. Il était long de 19 kilomètres. En 1848, un tunnel de cinq cent quarante mètres fut creusée à Hydra, réduisant de près d’un kilomètre la canalisation d’Aïn Zboudja.

Fragment de l'Aqueduc Ain Zeboudja.


Aqueduc du Ravin de la Femme Sauvage.



. La Fontaine Cherchar du Hamma.

Cette fontaine se trouve au pied d'une colline, dans le quartier du Hamma, non loin du Jardin d'Essais. Son fondateur est Baba-Ali Neskis, en l’an 1173 h, soit 1759 à 1760 de notre ère. Cet édifice fut pendant longtemps un point de rendez-vous pour les peintres. Elle est classée en février 1911

Une inscription gravée sur une plaque en marbre indique : 

« O Dieu ! il n’est donc aucune limite à la perfection de ta puissance, puisque, à force de creuser la terre, les sources apparurent à la place de l’eau trouble, coulant grâce à ta magnanimité, comme une onde saine pour le peuple de la Foi. Abreuve de l’eau du Kaouter (fleuve du paradis) le serviteur de ta bonté... » 1173 (1759-60).


Fontaine Cherchar 1881.

Souvenirs, Souvenirs,

Enfants, on pêchait des petits poissons (gambusie) dans le bac de la fontaine. Les automobilistes venaient y laver leurs voitures, surtout durant la période du ramadhan, histoire de passer le temps. Actuellement, la fontaine à été intégrée à un petit café-station (téléphérique) et fait partie de sa décoration interne.  


. La Fontaine de Bir Mourad Rais.

Cette fontaine est située au niveau de la commune de Bir Mourad Raïs. Elle fut édifiée par Hassan Pacha, qui a régné sur Alger entre 1791 et 1798. Cet édifice était à une certaine époque, ombragé d’un pin, de deux trembles fort beaux, d’un peuplier d’Italie et de deux saules pleureurs. 

La fontaine est adossée à une petite mosquée composée d'une salle de prière rectangulaire surmontée de deux coupoles à ses extrémités. Cette dernière fut construite en 1724, et a reçut des soldats en 1830. De nos jours, la fontaine existe, mais n'est plus fonctionnelle. Ses deux bacs ont été transformés en pots de fleurs.


Une inscription gravée sur une plaque en marbre indique : 

« À merveille ! Bonheur immense, le Dieu Créateur a favorisé (cette œuvre) ! Le gouverneur du boulevard de la guerre sainte a construit cette fontaine. C’est la source de vie ! Bondis, pauvre étranger à la langue altérée. Le vase s’est clarifié : bois son eau et fais une prière pour Hassan Pacha. Année 1208 ».


. Le Puits de Mourad Raïs (Bir Mourad Raïs).

Ce puits est situé dans la commune de Bir Mourad Raîs, dont il porte le même nom. Il aurait été construit par un célèbre corsaire Algérien du 17ème siècle. Mourad Raïs né Jan Janszoon était capitaine de navire, d’origine néerlandaise, converti à l’Islam, dont les galères se sont montrées jusque sur les côtes d’Islande.


. Inscription turque décorant une fontaine située sur la route de Belcourt, en face du terrain de manœuvres. (Musée National des Antiquités et des Arts Islamiques)


"0 toi qui souffres d'une soif inextinguible, viens, nous t'y convions, à la fontaine située en cet endroit, et bois ce liquide doux comme le sucre. Jusqu'à ce que tu te sois désaltéré à la source de compassion, ne t'arrête pas : bois le lait de cette onde. Fais une prière en faveur du bienfaisant Hasan pacha, et bois l'eau du Kawter. Reste pour faire tes ablutions ou pour boire à cette fontaine de vie. Année 1208".


Bon à Savoir : 

Le Khodjet-el-Aïoun, chargé de la direction du service des eaux ; tout ce qui concerne les aqueducs, les conduits d’eau, les fontaines, entre dans ses attributions ; il a en outre la gestion des immeubles dont de pieux musulmans ont consacré les revenus à l’entretien des fontaines.. Celui-ci pouvait parfois subir le contrôle de Cheikh el Bled  (شيخ البلاد).