L’histoire d’Alger s’ouvre sur une légende rapportée par Solin, grammairien de la seconde moitié du IIIe siècle de notre ère :

« Hercule passant à cet endroit fut abandonné par vingt hommes de sa suite, qui y choisirent l’emplacement d’une ville dont ils élevèrent les murailles ; et, afin que nul d’entre eux ne pût se glorifier d’avoir imposé son nom particulier à la nouvelle cité, ils donnèrent à celle-ci une désignation qui rappelait le nombre de ses fondateurs : Eikosi ».

Les premières mentions de la ville remontent à la fin du VIe siècle av. J.-C, où elle est d'abord un port punique. Carthage entreprend d’installer de point en point une série de relais, qui d’est en ouest s'échelonnent sur les côtes de la Méditerranée à des distances variant entre 25 et 45 km. Ils représentaient le chemin que pouvait parcourir quotidiennement une balancelle. Ce sont les « échelles puniques », où les navigateurs pouvaient trouver asile, s’assurer un ravitaillement et troquer leurs marchandises. Le site d'Alger présente des îlots pouvant abriter un mouillage et répondant à la nécessité de trouver un relais entre deux établissements puniques : Bordj el Bahri (Rusguniae) et Tipaza. Plusieurs pièces archéologiques relatives à cette époque ont été découvertes sur Alger : stèle punique (rue du Vieux Palais à Alger), sarcophage en pierre (jardin Marengo) et nombreuses pièces de monnaie portant l'inscription « IKOSIM », dans le quartier de la Marine.

L'étymologie punique du mot Ikosim renvoie à deux mots accolés : i signifiant l'« île » et kosim signifiant «hibou» ou dans une traduction alternative «épine». Ainsi le nom antique d'Alger, Ikosim signifie soit «île des hiboux», ou «Ile des épines». Certains chercheurs / historiens  préfèrent la traduction d’«Ile aux Mouettes».

Goéland Argenté : Port d'Alger


Sous la domination de l'Empire romain, le nom d'Ikosim est latinisé en Icosium. L'histoire antique d’Icosium se dilue ensuite dans l'histoire de la province de Maurétanie puis dans celle de la domination byzantine. En 960 Ap.J, le Prince Bologhine Ibn Ziri ibn Menad fonde la Médina El Djazaïr Beni Mezghana sur les ruines romaines d’Icosium. Le nom donné par Bologhine serait une référence aux îles qui faisaient face au port d’Alger à l'époque. 


Le cadre urbain actuel est conçu au Xe siècle par les Berbères sous la dynastie des Zirides. Il est ensuite enrichi par les apports des autres dynasties berbères qui dominent successivement le Maghreb central. 

Le développement des activités corsaires pousse les espagnoles, et à leur tête Pedro Navarro a construire  en 1510, sur un des îlots au large  le Peñón de Argel (Peñón d'Alger) : un bastion circulaire doté de canons et situé à 300 mètres du port d'Alger. 

Salim at-Toumi, chef de la ville, fait appel aux frères Barberousse. Kheir-Eddine Barberousse arrache le Penon aux Espagnols en 1529. Il décide de créer un véritable port en reliant l’îlot à la terre ferme. Il réalise ainsi la jetée de l'amirauté d'Alger pour protéger la ville et le port. Ces aménagements permettent à la ville d'Alger de devenir la principale base des corsaires en Méditerranée occidentale. 

Bordj el Fnar à l'emplacement du Penon


Statue kheireddine Barberousse au Musée de la Marine Istanbul.


Charles Quint organise l'Expédition d'Alger en 1541, qui est un échec. Les défenses de la ville sont alors remaniées surtout vers la mer ; la ville est entourée d'une enceinte percée par les portes et défendue par une série de forts (bordj). C'est le début de l'établissement de la Régence d'Alger qui s’étalera jusqu’en 1830. Alger atteint son apogée durant cette période devient le siège du pouvoir politique.

Durant la période de colonisation française, la Medina est progressivement marginalisée car les centres de pouvoir sont déplacés vers la nouvelle ville. Les Français apportent des transformations à la ville en démolissant une grande partie de la basse Casbah et en y érigeant l'actuelle « Place des Martyrs ».

La Casbah occupe un rôle central pendant la guerre d'Algérie. Elle sert de bastion aux indépendantistes du FLN. En 1962, elle ne retrouve pas son rôle central et redevient un espace marginalisé de la ville.

Le mot Casbah s'est définitivement implanté dans la langue française après la colonisation de l’Algérie en 1830. Il a tout d’abord désigné le palais et la citadelle du souverain, puis la partie fortifiée d’une ville arabe, avant de s’appliquer presque exclusivement avec une majuscule à la vieille ville d’Alger.

LES MAISONS DE LA CASBAH

La maison typique de la Casbah ne présente qu'une seule façade, dont les fenêtres ou les lucarnes sont protégées par une claire-voie. Le peu de solidité de la plupart des maisons et la crainte des tremblements de terre ont poussé les bâtisseurs à étayer les maisons en les faisant s'appuyer mutuellement les unes contre les autres. La construction fait appel à un mortier spécial constitué d’un mélange de terre rouge, de sable de carrière et de chaux grasse. 

On utilise pour les plafonds et les appuis extérieurs des étages en avancées (encorbellements en saillie) le bois de thuya, très solide et peu putrescible.

Le plan des habitations est tracé selon le même modèle. Un Vestibule (Skifa السقيفة) avec des banquettes de pierres permettant aux invités de s’installer le temps d’être accueillis par le maître de maison. Sur le côté, une porte donne accès au patio appelé Wast Dar (centre de la maison: وسط الدار) où il y a le lot de Biout (pièces البيوت). 

La lumière est généralement apportée par le patio ou, moins fréquemment, par une fenêtre qui donne sur la rue. La maison est généralement pourvue d’un Puits, ou d’un Jeb (bac), parfois des deux. Les portes sont faites de bois de cèdre, qui a les mêmes qualités que le thuya, avec  en plus, un parfum caractéristique.

On accède à l’étage supérieur (Ghorfat el Foqani : chambres à l’étage غرفة الفوقاني) par l’escalier. Les chambres sont allongées et fraîches.  Le Stah (terrasse السطح) est réservé aux femmes durant le ramadan, et on y dort à la belle saison.

 
LES CARREAUX DE FAÏENCES DE LA CASBAH

Une des caractéristiques de la casbah d’Alger est sa richesse en  faïence ancienne. On la retrouve partout, ornant les patios de maisons, autour des fontaines et surtout dans les palais comme Dar Mustapha Pacha qui contient plus de 500 000 carreaux. Cette faïence provient essentiellement d'Italie, d'Espagne (Barcelone et Valence), de Hollande et de Tunisie (Tunis). Il semblerait qu'une partie de cette collection n'existe pas dans son pays d'origine et soit spécialement confectionnée pour l'Algérie.  




Quelques Modèles de Faïences Retrouvés à la Casbah d'Alger 







DANS LA CATEGORIE DIVERS



RÊVONS : 

Nouvelle reconstitution de ruelles de la Casbah d'Alger par le Cabinet Adam's Son.
Lien : https://www.facebook.com/adams.son.1884 . Logiciels: 3Ds Max / Vray   Photoshop.


ARCHIVES :






Sources : 

Institut Numérique - CHAPITRE II : Mosquée Ketchaoua / Cathédrale Saint-Philippe : 21/12/2012
EUDEL PAUL - L’orfèvrerie Algérienne et Tunisienne 
Documenter le patrimoine et l’architecture d’Alger : les Feuillets d’El-Djezaïr : Juliette Hueber
La Construction d'Alger : Guy Simon Laborde
A la recherche d'Icosium - Marcel Le Glay - Année 1968  2  pp. 7-54
Le Quotidien du Biskri Porteur d'Eau : Extrait de  : Aux Echos d'Alger n. 127 Déc 2014
Les fortifications ottomanes d’Alger (1516-1830) : Safia Benselama-Messikh
APS : L'artisan de la casbah en voie de disparition.
Les Fonaines de le Casbah : Sources de Vie et d’Histoires : Algérie 360
Revue de la Méditerranée : Hocine et Malika : La Quartier des Raïs : Demeures des Seigneurs de la Marine Algérienne. 
Les carreaux de faïence de la Régence turque d’Alger : Jean Couranjou
Lien : http://arts.medit.occ.pagesperso-orange.fr/espb.html
Archivo General de Simancas
P’TIT OMAR, LA RÉVOLUTION DANS LE CARTABLE DE SOUHILA AMIRAT Un héros peut-il mourir ?
Les dynamiques sociolangagières dans les graffiti de la Casbah d’Alger
La Maison indigène : Clara
Yamna bent el-Hadj el-Mahdi : Maâlma à l’âge de 21 ans
Localisation et types des Sabats de la casbah d’Alger : EL MERERBI OMAIMA
لساباطات في العمارة الإسلامیة  :مكي حیاة :أستاذة مساعدة قسم التاریخ جامعة زیان عاشور+الجلفة
La darse des Turcs d’El-Djezaïr : Roger MEUNIER
A Alger, l'âne, "camion-poubelle" de la Casbah depuis cinq siècles. AFP 2017
La vie des petits ânes du service municipal du nettoiement. Choses vues dans la casbah Par Charles Brouty. 
La fontaine de Bir Djebah : Une source desséchée.
Les feuillets d'El-Djezaïr. Henri Klein.
Le miniaturiste oublié: Un hommage à Mustapha Ben Debbagh ! : Le Temps d'Algérie le 22 - 01 - 2018
Revue de l'Occident Musulman et de la Méditérannée : Le Centre d'Alger en 1830 : André Raymond. 
Journal Open Edition : Des ensembles composites : appropriation et transformation des demeures ottomanes suburbaines d’Alger aux xixe et xxe siècles
http://afn.collections.free.fr/pages/38_bulletin/38_djenina.html
http://algeroisementvotre.free.fr/site1000/alger00/alger020.html
http://alger-roi.fr/Alger/urbanisme/pdf/9_bati_alger_2015_simon.pdf
https://babzman.com/casbah/
https://www.wdl.org/fr/item/2455/
https://www.neuillysurseine.fr